Le seuil de 100 000 bornes de recharge pour véhicules électriques a été atteint, cependant...
Publié par L'équipe dans Actualités le 06/05/2023 à 18:55
Bien que la France ait récemment dépassé son objectif en installant plus de 100 000 bornes de recharge électrique sur son territoire, rattrapant ainsi son retard sur ses voisins européens, la situation n'est pas parfaite. Des problématiques liées à l'entretien d'un réseau de cette ampleur ainsi qu'au déploiement de bornes de recharge rapide, qui sont encore peu répandues sur les routes, se posent.
Bien que l'objectif initial de déployer 100 000 bornes d'ici la fin de 2021 ait été reporté à plusieurs reprises jusqu'à 2023, il a finalement été atteint, même si cela n'a pas été facile. Malgré tout, pour Clément Molizon, directeur général de l'Avere qui représente tous les acteurs de l'industrie en France, il s'agit d'un "véritable accomplissement". "Il est temps de transmettre un message positif et de rassurer sur l'état des déploiements", a-t-il souligné, car le fait de ne pas avoir atteint l'objectif initial dans les délais impartis avait suscité de nombreuses critiques et commentaires.
Jusqu'à récemment, la France avait le ratio de bornes de recharge pour véhicules électriques le plus faible parmi les pays européens, en partie en raison de sa grande superficie. Cependant, selon l'Avere, la France a désormais grimpé à la deuxième place en termes de nombre de bornes installées dans l'Union européenne, juste derrière les Pays-Bas.
Pour répondre à la demande croissante de mobilité électrique et rattraper son retard, le président Emmanuel Macron a fixé l'objectif d'installer 400 000 bornes d'ici 2030, tandis que l'Avere propose une fourchette comprise entre 330 000 et 480 000 bornes pour la fin de la décennie. Les industriels du secteur sont incités à accélérer le déploiement des bornes en raison de l'obligation européenne de vendre des véhicules zéro émission à partir de 2035.
Matthieu Dischamps, directeur général de Powerdot en France, l'un des principaux fournisseurs de bornes de recharge rapide dans le pays, insiste sur la nécessité d'une recherche de qualité de service avec la multiplication des points de recharge.
Bien qu'il défende son propre intérêt, il souligne que la France ne compte actuellement que 10% de points de recharge rapide, alors que l'Allemagne en a environ 18%. Selon lui, la France devrait viser les 20% pour répondre à la demande, car le nombre de véhicules électriques en circulation devrait passer de 1,3 million à 13 millions d'ici 2030.
Bien que les autoroutes soient actuellement les principaux lieux d'installation des bornes de recharge rapide, leur déploiement dans les parkings de supermarchés semble être une idée prometteuse.
Le point crucial demeure l'aspect financier, car le coût des investissements nécessaires pour mettre en place de telles installations est considérable. De plus, un problème important à considérer est la gestion des pics de demande, surtout pour les stations installées le long des autoroutes. Elles doivent être dimensionnées de manière excessive pour pouvoir absorber les flux importants de trafic lors des périodes de pointe, comme les week-ends de grands déplacements.
Pierre-Emmanuel Bredin, responsable des 3 400 stations-service de TotalEnergies en France, indique que le retour sur investissement est également un sujet de préoccupation en ce qui concerne la rentabilité. "Sur l'autoroute, on n'est pas très loin des 15 ans", déclare-t-il, en référence au temps nécessaire pour récupérer l'investissement. Ces stations sont actuellement en train de se transformer pour accueillir à la fois des pompes à essence et des bornes de recharge pour les véhicules électriques.
TotalEnergies exploite actuellement 750 bornes de recharge rapide et vise à en avoir près de 4 000 d'ici 2025. Cependant, pour l'instant, "même lors des longs week-ends de mai, peu de bornes sont occupées dans les stations", déclare Pierre-Emmanuel Bredin. Il assure que "la montée en puissance se fera" avec le temps.
Deux autres défis importants consistent à assurer la durabilité et la fiabilité du réseau malgré le dysfonctionnement de nombreux points de charge publics et les difficultés rencontrées par les automobilistes pour recharger leur véhicule. En France, pour résoudre ces problèmes, on mise sur Enedis, qui est considéré comme le gestionnaire de réseau de distribution le plus rapide en Europe. Selon M. Dischamps, la vitesse à laquelle les stations sont raccordées au réseau sera un élément clé pour le déploiement réussi des infrastructures de charge rapide.
