"Premier problème mondial" pour l'industrie : fabriquer du chrome donne le cancer, l'Europe veut l'interdire et il n'y a pas d'alternative bio
Publié par L'équipe dans Actualités le 22/07/2023 à 16:37
Certains marchés aiment le chrome, comme la Chine, et d'autres moins, comme l'Europe. C'est peut-être une référence culturelle associée aux voitures d'avant les années 50, mais certains ne conçoivent pas une voiture de luxe sans chrome. Dans tous les cas, ils pourraient disparaître de nos voitures en 2024 sur décision de l'Union européenne.
De toute évidence, l'UE ne va pas légiférer contre le chromage en tant que tel, mais plutôt contre une substance hautement nocive utilisée dans le processus de chromage des pièces utilisées dans certaines voitures.
En plus de l'Union européenne, la Californie envisage également d'interdire le chrome. Et ce ne sont pas exactement de petits marchés. Ainsi, si l'industrie ne trouve pas d'alternative, cela pourrait être la fin effective du chrome. Et pas seulement en voiture.
L'interdiction a été proposée en raison de problèmes de santé associés à la création de chrome hexavalent, qui est un cancérogène connu. Plus précisément, c'est une source de cancer chronique du poumon, et les émissions atmosphériques émises pendant le processus de placage seraient 500 fois plus toxiques que celles du diesel.
Les dépresseurs de fumée chimiques peuvent réduire ces émissions, mais ils contiennent des substances perfluoroalkyles et polyfluoroalkyles (PFAS), qui sont également très toxiques.
L'industrie doute entre chercher des alternatives et oublier le chrome
Certains constructeurs ont déjà pris les devants, comme Dacia, qui a décidé de remplacer le chrome de ses calandres par des inserts blancs. Polestar, a également décidé de s'en passer entièrement. Quant à Volkswagen, il fait de même avec ses modèles électriques.
Reste à savoir ce que les marques de luxe proposeront comme alternative à ce composé chimique, aujourd'hui vilipendé, et pour lequel le chrome est un élément essentiel. Et surtout pour les marques qui dépendent de marchés où le chrome est quasiment indispensable pour le client, comme la Chine.
C'est une des raisons, par exemple, pour que des marques comme Audi ou BMW, proposent en option à un prix élevé des cadres de fenêtres noirs et non chromés dans leurs modèles. Le volume des ventes en Chine est tel (ou l'était jusqu'à récemment) qu'il était plus rentable de proposer du chrome par défaut dans toute la production, même pour l'Europe.
Il est possible que, comme dans le cas du cuir, remplacé par des cuirs synthétiques à des occasions très réussies, ils parviennent à développer un chrome de nouvelle génération, avec un impact environnemental et sanitaire réduit, mais avec un aspect similaire.
Pour Gilles Vidal, designer en chef de Renault , même si des alternatives sont trouvées, il aimerait que de nouveaux matériaux soient explorés. Après tout, le chrome est aussi vieux que la voiture elle-même. Et en tant que designer, c'est toujours plus gratifiant d'explorer de nouvelles avenues et d'être copié par l'industrie.
"Des solutions non polluantes sont à l'étude, mais j'espère qu'il y a des raisons pour que nous nous en écartions intuitivement", a-t- il déclaré . "Il est temps pour nous de changer un peu le jeu et d'ouvrir nos esprits au-delà du chrome, il existe des alternatives plus durables." Il a mis en exergue l'utilisation que Renault fait des finitions ardoise et liège, ainsi que de l'Alcántara recyclé à 60 %.
D'autre part, nous ne pouvons pas oublier que les éléments sont partout, pas seulement dans les voitures. De nombreux éléments de la vie quotidienne sont chromés, comme les lampes, et d'autres insoupçonnés, comme une partie du train d'atterrissage d'un avion qui doit résister à la corrosion.
